ARTICLE 3 : L’effondrement en cours su réseau de distribution en cuivre et ses conséquences dramatiques prévisibles pour le monde rural

Le réseau de distribution en cuivre (« le dernier km ») qui dessert les abonnés est, hors des villes, très vulnérable. Il a été essentiellement construit dans les années 60 et 70. Il est en France vétuste, très aérien et mal entretenu. Sa gestion est handicapée par un empilement historique de multiples sous-traitances à faible niveau de technicité.

La portée géographique de la connectivité filaire à internet par l’ADSL est réduite. Le signal ADSL faiblit rapidement avec la distance. En rural l’offre ADSL est structurellement une offre de service de piètre qualité. Tous les français éloignés des « centraux téléphoniques » ou des « nœuds de raccordement » n’y sont pas éligibles. Les abonnements des zones « non dégroupées » sont plus chers qu’en ville et avec moins de services (par l’absence de l’accès à la TV). La qualité de service est aléatoire avec des débits internet fréquemment faibles et des coupures fréquentes (par vulnérabilité des lignes aux chutes d’arbres). A cela s’ajoute l’incapacité du réseau cuivre ADSL à suivre les augmentations rapides de débit naturellement demandées par les usagers raccordés.

Les investissements de modernisation, comme le fibrage des nœuds de raccordement, font l’occasion de nombreux battages médiatiques. Mais ce n’est qu’une illusion en matière d’augmentation des couvertures d’accès. Cela ne concerne pas vraiment la chevelure filaire auquel l’abonné final est raccordé.

Cette situation est très préoccupante :

– il y a un silence radio de l’État sur l’effondrement actuel de l’offre ADSL en rural ;

– les opérateurs se défaussent sur les seules collectivités pour le fibrage des abonnés des villages ;– l’objectif de remplacement à 100% du cuivre par la fibre optique chez l’abonné n’est pas planifiée en France ;– lorsque le raccordement à la fibre optique est possible, cela conduit à une augmentation substantielle du prix de l’abonnement (ce qu’explique des taux bas de raccordement aux nouvelles prises en fibre optique) ;

– il y a un silence radio de l’État sur l’introduction d’un nouveau facteur structurel d’insécurité dans les appels téléphoniques. L’extinction des lignes « France Télécom » (qui sont auto alimentée électriquement par l’opérateur) est prévue pour 2023. Alors les appels téléphoniques fixes seront intégralement tributaires des coupures d’électricité (fréquentes en zones rurales) chez l’abonné final. J’y reviendrai.

ARTICLE 2 : La double peine des femmes et des hommes des zones rurales face au grand débat national

L’accès au téléphone et à internet, et donc aux outils numériques connectés, constitue un service essentiel de la vie de tous les jours, a fortiori à l’heure d’une dématérialisation recherchée des services de l’État. L’absence ou la piètre qualité de la connectivité physique au numérique est un véritable handicap pour une intégration dans la société moderne et ne peut que nourrir des sentiments d’exclusion.

Le Grand Débat National devrait être l’occasion d’aborder la situation de jachère numérique d’une partie du territoire national. Il pourrait être l’occasion de comprendre son étendue et de mesurer ses graves conséquences sur la vie d’un grand nombre de nos concitoyens présents dans les nombreuses zones à faible densité du pays.

Mais qu’en sera-t-il puisque le Grand Débat National propose notamment à toutes et à tous de débattre … en ligne ? Une illustration (voire presque un symbole?) de la situation « hors-sol » dans laquelle la République aborde la réalité géographique des conditions de vie en France?

ARTICLE 1 : Tout sur les fractures numériques territoriales en France depuis 30 ans

Spécialiste des télécommunications, de l’aménagement du territoire et des fractures numériques, je vais :
– dire le POURQUOI de la persistance des inégalités d’accès physique au numérique entre villes et campagnes qui rongent la démocratie ;
– proposer le COMMENT de l’urgente obligation régalienne d’accès au numérique de tous les lieux de vie de la République.

Yves ALEXANDRE